Comment, petite, j’ai manqué d’argent, mais jamais d’amour.

Oui, ça commence comme l’histoire d’une petite fille modeste. Un peu Cendrillon, mais sans le mari prince et sans son horrible belle-mère et ses 2 monstrueuses filles (bitches).

Enfants, nous ne partions jamais en vacances. Enfants, nous ne croulions pas sous des activités extérieures multiples et variées. img-2124Enfants, nous nous habillions avec les vêtements récupérés des cousines (Merci les années 90. Et ne t’inquiète pas, un article leur sera dédié, ô années riches stylistiquement!). Enfants, c’était l’une des plus belles périodes de ma vie.

Papa travaillait au garage, et maman nous élevait, mes 2 sœurs et moi. Autant te dire, cher lecteur, qu’il y avait plus souvent des pâtes au beurre que du gibier à table. Mais c’était bon, et tu feras ainsi facilement le lien avec mon article précédent et mon addiction pour ce féculent.

Je n’aime pas le mot «pauvre » parce-que nous avions tout de même un toit décent au-dessus de la tête et à manger tous les jours, et de nombreuses familles en dehors de nos frontières ne peuvent pas en dire autant.

Nous étions tellement modestes, que les rares fois où nous sortions en terrasse, c’était pour commander « Un coca svp. Et trois pailles. » Mais ça tombe bien, c’est écœurant les bulles.

Nous étions tellement modestes, que lorsque ma mère a ramené des yaourts de marque du supermarché, nous nous sommes écriés avec enthousiasme « Des vrais yaourts ?? ». Mais en fait, ils avaient le même goût que les autres, qui ne passaient pas à la télé.piscineBalles_2.jpg

Nous étions tellement modestes, que si nous sortions très exceptionnellement au restaurant, c’était pour un steak-frites au Flunch. Mais c’était une fête, parce-qu’ils avaient un super parc à boules !

Nous étions tellement modestes, que nous avons toujours respecté et compris l’argent et son poids. Nous ne courrions pas après, nous savions qu’il était important, mais nous savions qu’il ne serait jamais le plus important.

Car j’ai appris, enfant, à m’ennuyer, à m’occuper, à créer, à être patiente, à développer d’autres qualités. J’ai appris la valeur de l’argent, j’ai compris sa place dans la société, et aujourd’hui, ce n’est pas mon critère de réussite dans la vie. Car si nous manquions d’argent, nous ne manquions certainement pas d’amour.

ronde-des-enfantsMa mère était disponible, venait nous chercher à l’école, se montrait patiente lorsque nous faisions nos devoirs et nous écoutait réciter nos poésies tandis qu’elle épluchait les légumes pour la soupe. Elle nous emmenait chez les copains, à la danse, et les dimanches d’été, nous allions à la mer pour avoir un petit goût de vacances nous aussi. Nous jouions avec mes sœurs dans une simplicité enfantine heureuse, allions faire du vélo au parc, et c’était bien suffisant.

Ma mère ne nous a jamais encouragées à bien travailler à l’école pour que nous puissions gagner de l’argent. Ma mère nous a encouragées à bien travailler à l’école pour que nous puissions choisir le métier qui nous plairait. Et ça fait toute la différence !

Mais tout a basculé pour moi à mon entrée au collège. Mes parents ont préféré se saigner pour nous mettre dans le privé et nous donner une chance plutôt que de nous laisser étudier au collège de secteur mal fréquenté et dont l’absentéisme des r-PRESSION-MARCHE-MORALE-large570professeurs était monnaie courante. Et j’ai basculé, à 11 ans, dans un autre monde, avec mes baskets Décathlon et mes t-shirts Kiabi, dans un monde de Nike et de Temps des Cerises (merci les années 2000). Un monde où les adolescents mesquins, aveuglés par l’argent et la réussite financière de leurs parents, filles et fils d’avocats et de médecins, m’ont toisée, m’ont jugée, m’ont mise à l’écart parce-que « je n’étais pas de leur milieu ». Des poufiasses pimbêches, en somme. J’ai heureusement trouvé de précieuses alliées, dont l’une d’elle est toujours ma meilleure amie aujourd’hui, près de 18 après. Elle ne m’a pas jugée, nous riions, partagions nos magazines et nos critiques, et de nombreux samedis ensemble. Les secrets et les rêves d’ado restent les mêmes, malgré la situation de nos parents…

Aujourd’hui, avoir grandi modeste,dessin-enfants-620x312 c’est le plus beau cadeau que mes parents aient pu me faire. Ils m’ont appris la simplicité, l’importance de la famille, l’économie quand on manque d’argent, et la générosité quand on en a plus. Ils m’ont appris à ne pas juger en fonction du statut social, ils m’ont appris que la vie était un peu plus facile avec, mais qu’elle n’était pas moins belle sans.

Pour moi, aujourd’hui, réussir dans sa vie, c’est s’épanouir, avec soi-même, et avec les gens qui nous sont proches. C’est être en accord avec soi, sur le papier et dans sa tête. Et ça, aucun salaire ni aucune BMW ne pourra jamais me l’apporter. Quoique, peut-être une paire de Louboutin? 🙂

 

2 réflexions au sujet de « Comment, petite, j’ai manqué d’argent, mais jamais d’amour. »

  1. ou des voyages 😉
    Mais même sans sous, on peut toujours se débrouiller pour ça, et leur intérêt reste qu’il faut les partager avec ceux qu’on aime, donc on y revient !

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